TEMOIGNAGE 36:

 

A.H.M.E.

Esclavage ou séquelles de l'esclavage

 

 

 

    26 juin 2007 : Esclavage ou séquelles de l’esclavage ?


    La journée d’hier a été une occasion de rencontre entre les acteurs de la société civile et les représentants du pouvoir public. Cette journée était placée sous les auspices du ministère de la justice qui a tenu a faire un discours en cette occasion.

    Au cours de la journée il a été soumis aux présents lors de l’assise l’exposé du motif du projet portant incrimination et répression de l’esclavage. Mais elle a été une journée houleuse tant les participants n’étaient pas d’accord sur le fond et la forme.

    Tout a commencé par le discours du ministre de la justice M.
    Limam Ould Téguédi avant que les participants ne rentrent dans le vive du sujet. Avant de discuter sur l’avant projet sur
    l’incrimination de l’esclavage, plusieurs personnes ont mis l’accent sur la stratégie adoptée pour y mettre fin. Ce point a pendant plusieurs minutes retardé de rentrer dans la discussion.


     L’improvisation de la journée a été aussi un point qui a été mentionné lors de la journée. Selon les intervenants avant d’organiser cette journée, il fallait au préalable soumettre ce projet aux organismes des droits de l’homme qui oeuvrent pour la réalisation de cet objectif. La démarche adoptée n’a pas fait la joie des défenseurs des droits de l’homme et sont inquiets quant au sort qui sera réservé à cette loi une fois qu’elle rentrera en vigueur.

    Le problème en
    Mauritanie est moins l’élaboration de la loi que son application car ce n’est un secret pour personne que chaque jour des lois sont adoptées sans le moindre suivi et dont l’application est incertaine. Il manque une réelle volonté politique d’en finir avec ce problème. Même le président de la journée M. Haimoud chargé de mission au ministère de la justice car on sentait un doute dans ses propos. Ainsi il parlait tantôt des séquelles de
    l’esclavage ce qui suppose que l’esclavage n’existe plus ; tantôt il parlait de l’esclavage ce qui suppose que cette pratique persiste toujours.

    Quand au contenu du texte, selon M.
    Boubacar Ould Messaoud le président de SOS esclave, au lieu de chercher à éradiquer l’esclavage, semble le promouvoir. Ainsi la disposition de
    l’article 6 fait planer le doute quant à la volonté réelle d’en finir avec ces pratiques. Cet article dispose que « toute personne qui prive un enfant prétendu esclave de l’accès à l’éducation
    l’enlève aux fins d’exploitation…. ».

    Cette disposition sous-entend qu’un enfant dont les parents étaient esclaves naîtrait esclave en d’autres termes qu’un Homme ne naîtrait pas Homme. Alors au lieu de chercher à en finir avec l’esclavage, le projet de loi semble promouvoir sa perpétuité. Avec une telle approche on est encore loin de la réalisation des objectifs. Pour la plupart des participants cela ressemble plutôt à une farce et non un engagement sur la voie d’éradication de l’esclavage. Ce problème national devait être discuté sereinement, les pouvoirs publics se devaient de prendre toutes les mesures nécessaires pour atteindre ce but.

    Alors selon
    Boubacar Ould Messaoud, il ne faut pas que ce problème soit pris à la légère. Leur principale lutte est de mettre fin à toutes formes de pratiques esclavagistes, donc l’Etat doit les accompagner dans ce combat qui demande de gros efforts et une réelle volonté politique. Malgré les dispositions prises jusque là, les pratiques esclavagistes persistent toujours dans notre pays et les moyens mis en œuvre sont loin d’être satisfaisants.

    Les textes antérieurs n’avaient pas prévu de qualification explicite du phénomène ni son incrimination et le présent texte ne donne pas une définition permettant de cerner l’ampleur du phénomène. Ce texte dont le contenu est loin de répondre aux attentes ne doit pas servir de base pour la lutte contre les pratiques esclavagistes. Pour mettre en œuvre un texte d’une telle importance, il faudrait que les organismes connus pour leur engagement en ce sens soient associés car l’esclavage est plus un problème social qu’un problème juridique.

    Il est alors nécessaire d’associer les acteurs concernés et ouvrir un large débat sur la question. Il incombe aux autorités mauritaniennes de prendre le mal à la racine car pour lutter contre ce phénomène, il faudrait se débarrasser de toutes les considérations de quelques ordres qu’elles soient. La lutte réelle contre l’esclavage, passe par le changement des mentalités de tout un chacun.

    Eveil-Hebdo


    Note: Info source : Eveil-Hebdo (Mauritanie)

 

 

 

 

 

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