TEMOIGNAGE 138 :

 

A.H.M.E.

 

 

A Monsieur le Président de la République

Objet: Réclamation

Monsieur le Président

Si j'ai décidé après de longues hésitations de vous saisir aujourd'hui à travers cette correspondance, c'est parce que d'une part, j'ai subi une montagne d'injustice et de tracasseries à tous les niveaux d'une administration à laquelle vous avez pourtant, maintes fois réitéré les injonctions d'être à l'écoute des citoyens et que, d'autre part, mon problème, qui n'en est pas véritablement un, n'a trouvé aucune oreille attentive ni sur le plan régional, ni sur le plan central.

Monsieur le Président
 Je suis une pauvre femme répondant au nom de Vatme Salme Mint Barka ayant en charge une dizaine d'enfants dont quatre filles. Mon mari, un maçon d'une soixantaine d'années est pratiquement au chômage à cause d'une sévère hypertension. C'est justement pour l'aider à éduquer nos enfants dans de bonnes conditions que je me suis engagée volontairement à servir gracieusement depuis la création de la première antenne féminine régionale du temps de Marième Mint Ahmed Aicha. Naturellement, cela me rapportait de temps à autre quelques subsides informels qui m'aidaient à satisfaire quelques menus besoins. Parallèlement, j'ai constitué au moins une dizaine de dossiers de régularisation que malheureusement les responsables régionaux de la structure à une exception près n'ont jamais transmis. J'ai été au bout de quinze ans loyalement au service de toutes les responsables régionales du ministère de la femme et de l'enfant. J'ai envoyé diverses correspondances aux walis et aux ministres et j'ai reçu des attestations qui n'ont jamais servi ni valu ce que de droit.

Monsieur le Président

L'objectif de ma correspondance n'est pas de situer la responsabilité de l'injustice que je subis depuis quinze ans, Allah le Tout Puissant, le Juste  m'en récompensera, certainement. Mais je voudrais attirer votre attention, Excellence, que pour rien au monde, je ne me lasserai de condamner cette imposture. Surtout quand ceux qui devraient m'aider à régulariser ma situation usent de subterfuges et d'arguments fallacieux pour se débarrasser de moi sans aucune autre forme de procès. Que d'employés communément appelés personnel non permanent ont été recrutés au niveau régional depuis les dix dernières années. Pourtant de par mon ancienneté et mon profil, j'étais la plus indiquée. Mais comme toujours, d'autres considérations, d'autres mécanismes ont prévalu pour engager parfois des gens que des responsables régionaux de différents départements ont fait venir occasionnellement.

Monsieur le Président

Je sais que vos orientations depuis votre accession aux affaires le 6 août 2008 encouragent la bonne gouvernance et le respect de la chose publique. Mais je sais aussi qu'elles bannissent l'injustice et la discrimination. Les instructions de la dernière visite d'une mission de l'Inspection générale d'Etat au Brakna ont servi d'alibi pour la coordination régionale du Brakna pour me notifier qu'elle ne peut plus prendre la responsabilité, conformément aux directives de l'organe de contrôle, de continuer à entreprendre le travail indispensable que je fais depuis quinze ans pratiquement sans contrepartie. Du coup, Monsieur le Président, me revoilà dans la rue avec sur le bras une nombreuse famille dont un mari malade aux médicaments très coûteux. Les budgets régionaux de fonctionnement doivent bien servir à quelque chose! Au moins à payer le modique salaire d'une pauvre dame qui a accepté envers et contre tout de servie la cause de la Femme que les responsables régionaux et centraux desservent.

     Fatme Salma Mint Barka

     Planton bénévole depuis quinze ans à la coordination régionale du ministère des affaires sociales, de l'enfant et de la famille au Brakna. 

Source : Le calame

 

 

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