TEMOIGNAGE 130 :

 

A.H.M.E.

 

 

Actes racistes des autorités au Brakna

 

Note d'information

Le Chef-lieu de l’Arrondissement de Mâal vient se servir de scène à une série d'actes racistes, opérés en flagrant délit par le Maire de Mâal, avec l'appui du Wali du Brakna; dans le cadre de la mise en œuvre d’un réseau urbain d’adduction d’eau potable, le procédé suivi par l’Agence de Promotion de l’Accès Universel aux Services (APAUS) stipulait qu'avant la mise en service des réseaux d’adduction (AEP), 150 branchements individuels seront réalisés, au profit des ménages les plus démunis (le nombre a été porté à 170); or; c’est peut-être la faute en la matière, la réalisation du préalable est systématiquement confiée aux communes, alors appelées à établir la liste des foyers le plus nécessiteux.

Ici, le Maire de Mâal, Monsieur Ahmed Ould Boïba, a délibérément privé tous les quartiers situés au Nord-est de la ville, majoritairement peuplés de Hratine, pour ne pas dire exclusivement. Le Maire les qualifie « d’Adouaba » - colonie de peuplement de descendants d'esclaves - comme s’il s’agissait d’une raison valable de privation, de piétinement et d’exclusion du service public. Pire encore, par ses soins délibérés, le réseau d’alimentation n’atteint même pas ces quartiers.

Les populations victimes du préjudice, pourtant systématiquement privées de toute assistance publique qui passe par la Commune ou le Wali, Madame Zeïnabou Mint Ahmeda, n’ont, exceptionnellement, pu supporter les agissements du Maire. Celui-ci les avait déjà exclues des branchements réalisés dans le cadre du réseau électrique mis en œuvre précédemment. Une plainte a été introduite auprès des autorités administratives en la personne de la susdite, laquelle se serait contentée dire que « le Maire est souverain sur la ville et les populations… »

Ainsi, le plus haut représentant du pouvoir central, dont la mission consiste de veiller à la matérialisation locale, des politiques publiques, se permet, pour des raisons de complicité de détournement de ressources publiques avec un Maire, de transgresser les lois de la République et des stratégies de développement affichées par le sommet de l'Etat mauritanien!

Au moment où la dernière connexion du réseau devait être réalisée, des ressortissants des quartiers concernés l’ont brutalement empêchée ce qui a valu l’arrestation, par la Brigade de Gendarmerie de Mâal, sur instruction de l’Autorité administrative, des sieurs Mohamed Ould Samba et Boubacar Ould Samba le 11 avril et Yacoub Ould Abeïd El Barka, Mabrouk Ould Salem, Ali Ould Abdatt et Laghdaf, le lendemain.

Pour les victimes, il était notoire que les ressources allouées à la Commune faisaient l'objet d'un partage, au vu et au su de tous, par le Wali et le Maire; cependant, ils ne pouvaient pas imaginer que cette « amitié » entre les deux pourrait, au-delà de leur privation de l’assistance publique, atteindre pareil niveau de mépris et de violence.

Face à cette situation, SOS-Esclaves a été saisie par son antenne à Mâal; des représentants des populations lésées se sont rendus à Nouakchott dans l’espoir de faire entendre leur cause en vue, d’abord, de lever l'injustice sur base raciste, ensuite, libérer leurs concitoyens détenus pour avoir refusé de se soumettre à une abominable injustice.

Suite à ces démarches assistées par le président de SOS-Esclaves, le 13 avril, une mission d’enquête a été dépêchée, sur place, par le Premier Ministre.

Il s’agit là d’un cas flagrant de piétinement, par deux agents de la force publique, des droits humains les plus élémentaires et, au-delà, d’un cas évident de discrimination à l’égard de citoyens dont l’unique crime est d’être nés de parents serviles.

Aujourd'hui, la situation est rétablie. Les Hratine interpellés sont libres, les branchements prévus augmenteront d'une cinquantaine d'unités et desserviront le quartier démuni, pour l'essentiel peuplé de militants de l'Alliance Populaire Progressiste (APP, opposition parlementaire). Cependant, il serait juste et exemplaire d'appliquer des sanctions contre le maire, le préfet et Madame le Wali, tous coupables de faits discriminatoires, à connotation raciste, contre certains habitants de la ville de Mâal.

En Mauritanie, les descendants d'esclaves, quand ils tentent de s'émanciper de leur condition, se heurtent, impunément, à un réseau de connivences tribales par quoi les anciens maîtres, solidaires et influents à tous les niveaux de l'appareil d'Etat, se couvrent et se protègent de la demande d'égalité. Or, les humbles, portés par le désespoir et la colère, manifestent un refus à la mesure inverse de leur résignation d'hier. La Mauritanie de demain sera égalitaire ou en ruine, tel est l'avertissement que SOS Esclaves ne cesse de répéter, à l'endroit d'une société et d'un pouvoir politique qui privilégient la dénégation au détriment de l'acte réparateur face à l'évidence du crime.

 

Boubacar Messaoud

Président de SOS-Esclaves

Nouakchott le 18 avril 2010

S.O.S - Esclaves

Tel  222 640 83 97

BP  4 3  0 2   NOUAKCHOTT  

Mauritanie

Membre de l’O.M.C.T.

Observateur auprès de la CADHP

Récépissé N°0069MIPT/DAPLP/SLP du 17/05/05

 

 

 

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