TEMOIGNAGE 118 :

 

A.H.M.E.

 

 

Pire que l’esclavage et punition pour tous les hommes et femmes libres…

 

Je m’en vais vous raconter une histoire qui me tenait à cœur…..

Avant -Hier, dans la salle d’attente d’un médecin pédiatre de la place, entre brusquement une grande jeune femme au voile parfumé, portant un grand sac à main dernier cri.

Son mari, un cadre de ministère connu, avait le porte- clé de sa rutilante voiture au bout des doigts et qu’il mettait bien avant comme un signe évident de statut social. Le couple venait en consultation comme beaucoup d’autres personnes qui attendaient chacun leur tour.

Ce qui me choquait – et pourtant c’est choquant- n’est pas que cette belle dame se parfume intensément au moment d’entrer dans une salle d’attente pour accompagnant d’enfants malades ou que son mari joue avec son porte –clefs, son téléphone à l’oreille et parlant à haute voix, comme si le reste du monde n’existait pas.

Le plus choquant est que ce couple était accompagné d’une baby Sitter ou « Hakama » haratine à peine âgée de 10 ans et qui était chargée de porter le bébé de 2 printemps, bébé apparemment souffrant et qui pleurait sans cesse. La pauvre petite ne savait que faire et elle tournait ses yeux innocents tour à tour vers les membres de l’assistance comme pour se faire pardonner de ne pouvoir calmer le petit, qu’elle tenait soigneusement d’une épaule à l’autre, sans doute pour supporter le poids de l’enfant.

Dans la salle, nous étions tous gênés par cette scène grotesque. La dame ouvre son sac et tend un mouchoir à la Baby Sitter en lui ordonnant « va le moucher dans le couloir ». Cruelle attention envers moi et les autres parents de jeunes patients. Je voulais être à mille lieux de la où je m’asseyais tant cette scène était insupportable à mes yeux.

La secrétaire du médecin soignant était une femme de type européen. Elle est venue à la rescousse de la petite Hakama, prenant elle-même le petit enfant dans ses bras tout en lui tendant une sucette et en lui arborant un grand sourire. L’enfant se calma brusquement et chose agréable commença à sourire à son tour.

La petite Baby Sitter se tenait toujours débout et regardait l’assistante du médecin faire, comme délivrée d’une tâche pour la quelle elle n’a jamais été préparée et se massait ses épaules d’enfant à la fois par nécessite mais visiblement aussi par gêne.

Les parents, n’en avaient cure et regardaient leur montre. Ils avaient visiblement pris un rendez -vous téléphonique et la secrétaire nous le fit savoir comme pour s’excuser, certes, mais sans doute aussi pour nous délivrer de nos sentiments de culpabilité collective en nous débarrassant rapidement de ce couple infernal.

Maintenant, c’est le tour du couple d’entrer chez le pédiatre. La dame parfumée, accompagnée de son mari, toujours le téléphone à l’oreille, se tourne vers la petite Hakama : « prends Brahim et viens ! ». La distance entre la salle d’attente et le bureau du pédiatre était à peine de 6 Mètres pourtant. La Hakama s’exécute docilement et le petit reprit ses pleurs de plus belle.

Cette scène, je croyais être le seul à l’avoir ressentie avec tristesse et dégoût. Ma fille qui m’accompagnait pour tenir compagnie à son petit frère avait elle aussi de la peine sur le cœur : « avaient- ils besoin de cette pauvre petite pour porter leur enfant chez médecin ? Elle ne sait même pas comment faire à son âge ! ». Je ne répondis pas sur le champ. Mais ma fille connaissait bien mes sentiments sur cette question.

Dans beaucoup de familles chez nous, les petites baby Sitter sont partie intégrale de l’accoutrement des « grandes dames » et sont exposées comme un signe de richesse aux autres. Ce type de pratiques est aussi condamnable que les crimes d’esclavage ou de services contre des mineurs au travail. Quand est ce que l’état sévira contre ce type de pratiques d’un autre âge ?

 

 source : Ebetty in www.cridem.org

 

 

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