TEMOIGNAGE 116 :

 

A.H.M.E.

 

 

Mohcen, à propos de Aziz : "sans moi, il n'est rien"

Taqadoumy

Réunissant ses proches afin de préparer la riposte après l'attaque en règle par le Président de la République, le vice-président du Sénat Mohcen Ould Hadj a tenu, d'abord, à une précision de taille : contrairement à la plupart de ses détracteurs, lui n'a pas besoin de faire de la politique pour gagner sa vie.

 

Selon la source auteur de la confidence à Taqadoumy, l'élu de Rosso a d'abord rappelé son passé : d'abord membre fondateur de l'Union des forces démocratiques (UFD) et soutien actif de Ould Daddah depuis la présidentielle de 1991 jusqu’à la fin de la dictature.

Cependant, abattu par les défaites du parti et dégouté de voir la plupart de ses amis se ruer vers Ould Taya, Mohcen (toujours d'après lui), met ses activités politiques entre parenthèses et part commercer à Rosso. C'est là bas qu'il est devenu un homme d'affaires prospère et il l'est resté jusqu'à la chute de Ould Taya le 3 août 2005, sans jamais soutenir ce dernier ni devoir sa fortune à quelqu’un mais à un travail acharné, souvent contre les pontes du système qui le taxaient d’opposant.

C'est alors qu'il décide de rendre, à sa ville (Rosso), un peu de ce qu'elle lui a donné. Il part alors à Nouakchott prêter main forte aux nouvelles autorités ; ensuite il se porte candidat victorieux au Sénat avant d'en devenir vice-président. A partir de cette position stratégique, il s’improvise l'un des hommes clés du système : il œuvrera à l'élection de Ould Cheikh Abdellahi avant de participer à sa destitution, lors de la fronde parlementaire dont il sera le principal animateur. S'ensuit le putsch du 6 août 2008 qu'il soutiendra activement, à l'intérieur et hors du pays, puis la campagne électorale, enfin la victoire de Ould Abdel Aziz.

Et de poursuivre : "Aujourd'hui, et après avoir emporté tant de victoires à ses côté, le voilà [Ould Abdel Aziz, ndlr] qui préfère m'abandonner et soutenir Abdellahi Salem Ould Ahmedoua et sa clique, la même clique au service de Ould Taya et cause de sa perte, la même clique dont nous nous étions juré de débarrasser le pays".

Mohcen en a gros sur le cœur : "Ceux qui veulent aujourd'hui ma tête sont les ennemis du Président car ils savent que, sans moi, il est vulnérable et donc plus facile à débarquer s’il devenait gênant ; en cela, ils n'ont pas tout à fait tort car, sans moi, il n'est rien".

Puis il rappele ses bienfaits à Ould Abdel Aziz : "lorsque Ely [Ould Mohamed Vall, ndlr] a voulu mettre en place le bulletin blanc, c'est moi qui ai encouragé le Président [Ould Abdel Aziz, ndlr] à lui tenir tête, c'est moi qui lui ai emmené Sidi [Ould Cheikh Abdellahi, ndlr] et c'est moi qui l'en ai débarrassé afin qu'il puisse prendre sa place. Lorsque tout le monde se cachait ou négociait en secret avec Ould Daddah, j'ai mené campagne, avec mon argent, sans rien demander à personne, alors que je connais bien Ould Daddah et que je pouvais, moi aussi, assurer mes arrières mais non, je ne suis pas un traitre, moi".

Mohcen conclut, amer : "maintenant qu'il est élu et reconnu par le monde entier, que tous les présidents lui ouvrent leurs palais, il veut se débarrasser de moi".

 

 

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