TEMOIGNAGE 102 :

 

A.H.M.E.

 

 

Rapport de Sos Esclaves sur l’Affaire Hanna.

 

« Un magistrat mauritanien rend une esclave mineure à ses maîtres »

 

Hanne Mint Mariye a 11 ans. Elle n’est jamais allée à l’école. Elle a été placée par sa mère, Mariyé Mint M’bareck, chez une famille au quartier Teyaret de Nouakchott. Le 22 avril 2009, SOS Esclaves a été informée du cas de Hanne «victime de travail servile au sein d’une famille de la fraction tribale Dhunoureini..».

L’affaire a été portée devant la justice. Elle a été classée sans suite «pour insuffisance de preuves.» Le 23 avril 2009, Boubacar Ould Messaoud,  président de Sos Esclaves,  rend public un rapport sur l’affaire Hanna Mint Mariye, intitulé «Un magistrat mauritanien rend une esclave mineur à ses Maîtres

Quand ils ont été saisi le 22 avril 2009 du cas de Hanna, les responsables de SOS Esclaves se sont rendus chez le Hakem de Teyarett. Le Hakem a convoqué le commissaire de police de la Moughataa et lui a présenté le couple chez lequel a été placée Hanna.

Le Hakem a saisi, par téléphone, le Procureur de la République. Le procureur donne instruction d’envoyer  Hanna et le couple à la brigade des mineurs pour enquête.

Pendant la conférence de presse portant présentation du rapport, Boubacar Ould Messaoud, a contesté la compétence de cette brigade qui est chargée des cas de « mineurs en conflit avec la loi. » « Hanna n’est pas en conflit avec la loi, c’est une victime » a indiqué Ould Messaoud.

Au niveau de la brigade des mineurs, les responsables de Sos Esclave ont demandé la garde à vue séparée de Hanna avec «ses maîtres» avant les audition prévues le 23 avril. Ils ont également demandé au commissaire de cette brigade de confier la fille à une personne extérieure car étant mineur de moins de 16 ans, elle ne peut être gardée à vue.

Il a été proposé de remettre Hanna a Me Fatimata M’baye, avocate des mineurs. A l’arrivée de cette dernière, Hanna s’est mise à pleurer pour ne pas être séparée de sa « maîtresse ». Cette dernière également pleurait. Ne pouvant amener l’enfant contre sa volonté, Me M’baye a cédé.

Jeudi 23 avril, après interrogatoire de Hanna et du couple, le commissaire de la brigade des mineurs communique le dossier au procureur de la République. Le procureur ordonne au  parquet général de libérer le couple et l’enfant. Rendez-vous est pris dimanche 26 avril pour déferrement au parquet.

Le dimanche, le procureur laisse l’un de ses substituts traiter le dossier. Le substitut « après avoir tout réglé, laisse Hanna et sa mère soutenir  que les  Dhunureyni sont leurs bienfaiteurs, pourvoyeurs de la nourriture, de l’habillement et de l’éducation de Hanna. Or, selon le rapport à 11 ans, Hanna ne fréquente encore ni l’école publique ni une mahadra, contrairement aux enfants du couple plus jeunes qu’elle.»

Pour Sos Esclave, Hanna, sa mère et ses soeurs «sont des esclaves par ascendanceSOS Esclaves accuse le Procureur de la République, Amadou Ciré Ly et le commissaire de la brigade des mineur, Bocar Abdoulaye Yale, «d’avoir permis, en évitant de prendre des dispositions conservatoires, aux esclavagistes de conditionner une victime mineure en lui apprenant ce qu’elle doit dire devant le procureur de la République.»

La brigade des mineurs, après enquête, avait qualifié le cas de Hanna «Exploitation des mineurs et refus d’accès à l’éducation » sur la base de l’article 26 de l’ordonnance 2005-015 relative à la protection pénale de l’enfant. Pour Me Fatimata M’baye, le parquet a failli à son rôle qui consistait, par commission rogatoire, à chercher à connaître la véritable situation de Hanna.

La loi de 2007 portant criminalisation des pratiques esclavagistes ne permet pas aux associations de se porter partie civile. «L’exploitation des mineurs, c’est la traite qui ne peut être dissociée de l’esclavage » a dit Boubacar Ould Messaoud.

Des filles de sept, huit, onze ans…privées d’école, de loisir, de santé, de l’affection de leur parents…  écrasées par les travaux domestiques, des comme Hanna, il en existe des milliers en Mauritanie. Hanna est une privilégiée. Son cas a été classé sans suite. Les autres souffrent et meurent ….de l’indiérence…

Khalilou Diagana

Source : Le Quotidien de Nouakchott

Le 27/05/09

 

 

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