A.H.M.E.

COURRIER 4:

 

LETTRE aux Ambassadeurs d'Etats musulmans
en Europe 23 nov. 2006

 

 

LETTRE OUVERTE

      

 

« Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable et interdit le blâmable. »

Coran, Sourate 3, verset 104.     

 

« Lorsque vous verrez ma communauté craindre de dire au tyran "Tu es un tyran", alors vous verrez le signe de sa perdition. »

Hadith authentique du Prophète Mohamed (Salut et Bénédiction d’Allah sur Lui)    

 

M. Morad EL HATTAB                                          

Philosophe – Conseiller en Stratégie Géopolitique

Lauréat du Prix Littéraire pour la Paix et la Tolérance

Directeur de Collection aux Editions « Des Idées & des Hommes »

A l’attention de MM. Les Ambassadeurs d’Etats musulmans en Europe

 

Paris, le 23 nov 2006       

Vos Excellences,

Par cette présente, je vous exprime ma liberté d'être et de penser dans une exigence d'absolue authenticité face au premier génocide du 21ème siècle qui se déroule actuellement au Darfour, région entièrement musulmane peuplée tant de Négro-Africains que d’Arabes.

Aujourd’hui, vous n’êtes pas sans savoir que le gouvernement soudanais, qui se réclame de l’Islam, pratique une politique génocidaire vis-à-vis des peuples identifiés comme non arabes. Au début, ce pouvoir a tué des sudistes africains chrétiens, ce qui a laissé penser à une guerre civile d'origine religieuse. A tort, puisque maintenant, ce sont des Africains musulmans qui sont visés au Darfour. Preuve que l'on a affaire à un conflit racial des Arabes contre les Noirs. Devons-nous rappeler à ces arabes que le premier muezzin de l’Islam, Bilal, était noir ?

Depuis 2003, 300 000 personnes ont été massacrées par les milices djiandjawids alliées au gouvernement du Soudan et plus de 2,5 millions de personnes ont été chassées de leurs terres.

Des centaines de villages ont été incendiés, des centaines de milliers de personnes ont été massacrées, des milliers de femmes et de jeunes filles ont été agressées et violées jusque dans les camps de réfugiés, et à présent des enfants sont égorgés.

Monsieur Kofi Anan, l’ex-secrétaire général de l’Onu parle de « l’enfer sur terre ».

Vous ne pouvez plus rester passifs face à ce nettoyage ethnique qualifié par l’ONU de crime contre
l’humanité. D’ailleurs, après les résultats accablants de la commission d’enquête dépêchée par l’ONU, la situation au Darfour a été déférée à la Cour Pénale Internationale par le Conseil de sécurité avec adoption de la résolution 1593, en avril 2005, à l’initiative de la France, qui prévoit la traduction des criminels de guerre.

 

Il faut que les pays arabes cessent de se rassembler autour d’un ennemi commun : l’Occident. Car au Soudan, qui tue qui ? Des musulmans massacrent des musulmans, et le Conseil de sécurité de l’ONU
n’essaie que de protéger des musulmans contre d’autres musulmans.

Voilà la réalité !

 

Nous partageons des valeurs musulmanes, or M. Omar el Béchir, président du Soudan, cherche à justifier des crimes en se basant sur le Coran et sur la Sunna du Prophète Mohamed (SBAL). Pourtant dans le Saint Coran, Allah ordonne au musulman d’acquérir une excellence dans son comportement éthique et moral.
D’ailleurs, la sanction prise par Allah contre les tyrans est l’exclusion de Sa Miséricorde : «
Que la malédiction d’Allah soit sur les injustes. » (Coran, S. 7, v. 44)

 

N’étant pas théologien, je vous invite donc à vous rappeler le sens de la parole de l’imam Ali (Qu’Allah
l’agrée) : «
Ne regarde pas l’auteur du propos mais plutôt son contenu. » afin de comprendre ma démarche humaniste auprès de Vos Excellences.

De plus, l’Islam nous commande d’agir contre les mensonges qui excusent et légitiment les génocides, rappelons-nous le dire du Prophète Mohamed (SBAL) : « Que la crainte des gens n’empêche point l’un parmi vous de dire la vérité s’il en a connaissance, car cela ne le rapprochera nullement de la mort, ni ne
l’éloignera de la fortune ; qu’il dise la vérité ou qu’il rappelle les anciens de grande vertu.
»

 

Nous constatons qu’au Darfour, des innocents sont assassinés au nom d’Allah, or le Prophète Mohamed (SBAL) a rappelé que l’assassinat était le deuxième des plus grands péchés pouvant être commis (Sahih Al-Bujari : 6871, et Sahih Muslim : 88), et a averti que le Jour du Jugement, les premiers cas à être jugés seront ceux qui auront à voir avec l’effusion de sang (Sahih Muslim : 1678, et Sahih Al-Bujari : 6533).

D’ailleurs, le propre concept de guerre établi dans le Coran a une nuance exclusivement défensive : « Et combattez pour la cause d’Allah contre ceux qui vous combattent, mais ne commettez pas d’agressions, car, certainement, Allah n’aime pas les agresseurs. » (Coran, S.2, v.190).

Chérifien, descendant de l’imam Ali (qu’Allah l’agrée), mon attitude à vos égards est motivé par un propos de mon lointain ancêtre qui a dit : « Si je devais juger entre les gens, je jugerais en me basant sur la Torah pour ce qui est des gens de la Torah, sur l’Évangile pour les gens de l’Évangile et sur le Coran pour les gens du Coran, jusqu’à laisser chaque Livre saint parler de lui-même. »

Vous êtes donc les plus hautes autorités diplomatiques de pays musulmans à l’étranger, et vos pays ont adopté, depuis décembre 1983, la Déclaration de Decca sur les Droits de l’Homme en Islam, puis la Déclaration du Caire sur les Droits de l’Homme en Islam en 1991.

Vous sachant soucieux de respecter et de faire respecter ces Déclarations, je porte donc votre attention sur les violations permanentes du gouvernement soudanais sur les droits énoncés. Pour étayer mes propos, je
m’appuierai sur les spécificités énoncées sur ces Déclarations par M.
Mohammed Amin Al Midani, Président du Centre Arabe pour l’Education au Droit International Humanitaire et aux Droits Humains :

« a) Le respect de la vie et l’intégrité du corps humain : la vie est présentée dans cette déclaration comme « un don d’Allah » et ce don est « garanti à tout homme » (art. 2 (a)).

La Déclaration insiste également sur le respect de l’intégrité du corps humain, et « celui-ci ne saurait être
l’objet d’agression ou d’atteinte sans motif légitime ». Et, il incombe à l’Etat de garantir le respect de cette inviolabilité (art. 2 (a)).

b) Les principes du droit international humanitaire : la Déclaration énonce quelques principes du droit international humanitaire. Ainsi, l’article 3 évoque ces principes comme l’interdiction, en cas de recours à la force ou de conflits armés, « de tuer les personnes qui ne participent pas aux combats, tels que les vieillards, les femmes et les enfants », ou « L’abattage des arbres, la destruction des cultures ou du cheptel, et la démolition des bâtiments et des installations civiles de l’ennemi par bombardement, dynamitage ou tout autre moyen ».

L’article 3 parle aussi du droit du blessé et du malade d’être soigné, de l’échange de prisonniers, de leur droit d’être nourris, hébergés et habillés, et de la réunion des familles séparées. »

De plus, le Prophète Mohamed (SBAL) a interdit de tuer, en cas de conflit de guerre, les femmes et les enfants et les civils en général (Sahih Muslim : 1744, et Sahih Al-Bujari : 3015) car l’Islam croit au caractère sacré de la vie humaine.

Or au Darfour, des crimes de guerre et des violations graves du droit international humanitaire continuent
d’être commis en toute impunité, et donc le gouvernement soudanais contrevient largement à la loi islamique et aux articles définis par les Déclarations islamiques. Est-ce l’Islam auquel vous croyez ? Est-ce là le Très Miséricordieux, Très Compatissant Allah que nous prions chaque jour ? Allah pourrait-il nous inciter à tuer
d’autres personnes ?

Ce génocide entraînera forcément la tourmente pour tous ceux qui le soutiennent, car comme le déclare Allah : «Que ceux, donc, qui s’opposent à son commandement prennent garde qu’une épreuve ne les atteigne, ou que ne les atteigne un châtiment douloureux.» (Coran, S.24, v.63.) L’imam Ali (Qu’Allah l’agrée) disait pour sa part : «Que soit maudite l’agression contre les êtres humains ! »

Se respecter soi-même, respecter l’autre, reconnaître à chacun des droits et des devoirs dont le respect permet à tous de vivre ensemble, voilà ce que recouvre aujourd'hui mon engagement auprès de vous et du monde musulman car « Allah n’octroie pas Son flambeau aux gens qui font délibérément le mal » (Coran, S.9, v.109).

Avant que l’Histoire ne juge ce crime contre l’humanité, j’ai l’espoir qu’Allah puisse vous guider pour rendre justice aux opprimés et pour prendre clairement position en faveur d’un arrêt des combats.

 

Dans l’attente de pouvoir apprécier vos actions, je vous prie de croire, Vos Excellences, en l’expression de ma très haute considération.

 

Que la Paix et la Miséricorde d’Allah soient sur vous.

 

Morad EL HATTAB     


 

  Retour