A.H.M.E.

COURRIER 2:

 

EMISSION RADIO JACQUES PRADEL 7 janvier 2003

 

 

Monsieur Jacques PRADEL

 EUROPE N°1

26 BIS RUE FRANCOIS 1ER

75008 PARIS

                            Pantin, le 7 Janvier 2003

 

 REACTUALISATION DU COURRIER DU 26 DECEMBRE 2003 RESTE SANS REPONSE

 OBJET : QUELQUES PRECISIONS SUR VOTRE EMISSION DU 26 DECEMBRE 2003 CONSACREE A LA MAURITANIE

 Cher Monsieur,

Je viens d'écouter attentivement votre émission de ce jour consacrée à la Mauritanie. Après avoir tenter de vous joindre à plusieurs reprises pendant sa diffusion, je souhaite réagir aux propos de votre invité Monsieur Claude PAVART qui, paraît-il connaît bien ce pays.

Je suis assez surprise de n'entendre parler que d'une seule ethnie de la population présente en Mauritanie, à savoir la population Beydane, autrement dit ceux descendants des berbères et des arabes mais très peu de la population négro-mauritanienne composée de Peuhls, Soninké et Wolof plus particulièrement présentes dans le sud du pays tout au long du fleuve Sénégal. Déjà c'est très tendancieux de la part de votre invité d'oublier que la moitié de la population mauritanienne est composée de Noirs.

En suite, après avoir décrit la Mauritanie comme un pays paradisiaque, idyllique d'un point de vue touristique (ce qui est d'ailleurs vrai) votre invité ose affirmer qu'il n'y a aucun problème politique dans ce pays et encore moins de problèmes et de conflits raciaux. Je n'ose croire que ce Monsieur soit aussi aveugle et sourd. Justement, je souhaite vous apporter quelques précisions. Monsieur PAVART l'est effectivement en décrivant ses impressions sur l'architecture de la ville de OUALATA, mais il est MUET sur un aspect tout particulier de cette architecture, un endroit qui, si un jour ce pays redevient démocratique comme je le souhaite, deviendra un lieu de pèlerinage. Je veux parler bien sur du BAGNE DE OUALATA dans lequel sont enfermés et torturé des prisonniers politiques noirs et notamment mon frère de lutte Mboye Alassane Harouna auteur d'un livre "j'étais à OUALATA" dans lequel il témoigne de l'enfer et de la torture qu'il a subit en tant qu'opposant politique mais surtout en tant que Négro-Mauritanien. Votre invité a également été pris d'extase lorsqu'il visite Atar, Nouadibou mais aussi INAL, tout en omettant l'existence dans cette dernière ville là aussi, d'un BAGNE ou un autre de mes frères de lutte Mamadou SY a été fait prisonnier et torturé.

Vous pourrez également lire son témoignage dans un livre intitulé "Dans l'enfer d'Inal" dont il est l'auteur. Les seuls crimes de ces deux hommes c'est non seulement de s'être opposés au régime raciste et ethnogénocidaire du Colonel Sid Ahmed Ould Taya mais surtout d'être des Nègres.

Des « fausses communes » ou plutôt des charniers ont été découverts auprès de ses deux endroits. Je pense qu’il est inutile de vous préciser la couleur des victimes ni l’horrible fin qu’on leur a fait subir.

D'ailleurs je vous apporte quelques précisions sur l'idéologie politico-raciale qui domine la Mauritanie depuis 1958. Moktar Ould Daddah, premier président démocratiquement élu fut renversé par un coup d'état. Se succédèrent ensuite, toujours sur le même principe, différents militaires parmi lesquels on peut compter le Colonel Ould HAIDDALAH, lui-même renversé en 1984 par l'actuel dictateur Sid Ahmed Ould TAYA qui se maintien toujours en place par le biais de hold up électoral. Outre le fait que tous ces dirigeants appartiennent à la catégorie des Beydane, l'autre point  commun c'est leur politique d'apartheid envers la population noire. Cela a commencé par une tentative d'assimilation par l'arabisation forcée de l'enseignement dispensé aux noirs et donc des mentalités des négro-mauritaniens, l'interdiction pour ces derniers d'exercer des professions à responsabilité ainsi que des postes politiques importants, le maintien à des fonctions subalternes etc ...  Interdiction leur est également faite de posséder des terres et autres propriétés ainsi que de s'exprimer en leurs langues maternelles, d'exprimer leurs cultures, traditions ancestrales etc ...

Cette politique d'apartheid, que je qualifie d'ethno-génocidaire a atteint son point culminant en 1989. En effet, prenant pour prétexte le conflit sénégalo-mauritanien, le petit colonel raciste OULD TAYA, ordonne le massacre et la déportation de tous les négro-mauritaniens. Des milliers d'individus furent victime de la pire des barbarie. Des villages entiers sont rayés de la surface de la terre. Jusqu'à aujourd'hui ces villages sont des cimetières. A ce jour, près de 60.000 "réfugiés" croupissent dans des camps de fortune au Sénégal et un peu plus de 100.000 au Mali. Ceux-ci sont complètement laissés à leur pauvre sort par le HCR qui a certainement des missions plus intéressantes médiatiquement à remplir. Ces populations chassées de leurs terres ancestrales ont été privées de leurs papiers, donc errant sans noms, sans passé, sans présent.

Certains villageois négro-mauritaniens ont été dépossédés de leurs terres sous prétexte qu'un chameau appartenant à un beydane y a brouté son herbe donc d'après la « loi » la terre appartient au propriétaire du chameau.

Le 28 Novembre 1990 pour "fêter" l'indépendance, 28 prisonniers militaires noirs de la base d'INAL furent choisis au "hasard" et pendus sur le champs.

Mais de cela, il est étonnant que votre invité n'en ai point entendu parler.

Votre invité souligne également le fait que d'après lui, il n'y pas d'endroit ou on vends des esclaves et qu'il n'y a pas d'esclavage en Mauritanie. Soit, il est aveugle et sourd, soit il a fait semblant de ne pas voir la pire des abominations dont sont capables certains êtres humains qui pensent que les noirs sont des "bêtes de somme". Allez voir dans certains concessions je pense que vous y serez assez surpris des ballets de servants, servantes, d'hommes-étalons, de femmes-reproductrices qu'on se refilent à prix d'or chez les beydanes.

Plus de 30% de la population mauritanienne est tenue en esclavage aujourd'hui. D'autres, les "harratines" sont des anciens esclaves négro-mauritaniens ou descendant de ceux-ci, de culture arabe et donc encore asservis au Maures-beydanes. Ils parlent le hassanien et leurs défunts ne peuvent toujours pas reposer dans les mêmes cimetières que les beydanes. SI CELA N'EST PAS DE L'APARTHEID QU'EST CE QUE C'EST ?

Votre invité a du en côtoyer lors des fameuses cérémonies du thé car celui est exclusivement préparé ET servi par les harratines ou les esclaves.

Quant à la stabilité politique vantée par votre invité je tiens à lui rappeler ou apporter à sa connaissance le coup d'état du 8 Juin 2003. Pour faire face à la dictature sanglante de Sid Ahmed Ould TAYA, des officiers supérieurs de l'armée ont pris les armes afin de tenter, comme au Mali en 1991, de rendre le pouvoir aux civils. Or, cette rébellion a été réprimée dans un bain de sang. Le pouvoir dictatorial s'est cruellement vengé sur la population civile en particulier les negro-mauritaniens. Plusieurs de ces militaires se sont réfugiés au Nord-Est de la Mauritanie ou il est étonnant que le régime en place découvre tout d’un coup des groupes armées « d’islamistes ».

Le 20 Avril 2002, j'ai été témoin direct de la répression militaire d'une manifestation d'étudiants réclamant la démocratie dans leur pays. J'ai été menacé par un militaire et sa kalachnikov. De retour en France, j'ai été sommée par les espions du régime qui, très courageusement me harcelèrent anonymement par téléphone, de me taire sur ce fait "Sinon t'es pas prête de revoir la Mauritanie".

Les dernières "élections présidentielles" du 7 Novembre 2003 ont été un véritable holp up - une prise d'otage - envers le peuple mauritanien dans son ensemble. Le colonel TAYA a non seulement truqué les résultats s'attribuant la victoire avant même que les "résultats" soient officiellement prononcés, mais de plus, la police à sa solde a perquisitionné le domicile de son opposant, son prédécesseur Ould HAIDALLAH, et y a trouvé comme par hasard "des documents à tendance islamistes" "des  preuves d'un coup d'état en préparation" et mieux encore "un financement par la Libye de ce coup d'état". Il a été arrêté et accusé, avec 15 membres de son état major, de tentative de coups d'état. Un procès truqué est actuellement en cours à Nouackhott. Pendant ce procès des faux-témoins faux-témoignent contre les accusés. Ils se contredisent. Les proches sont harcelés, arrêtés et "interrogés". Les principaux accusés encourent des peines de travaux forcés.

ET APRES CELA VOTRE INVITE OSE PRETENDRE QUE LA MAURITANIE EST UN PAYS TRES DEMOCRATIQUE ET TRES TRANQUILE.

 

                              Mariam SERI-SIDIBE

 

 

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